"La mémoire est la sentinelle de l’esprit"
Shakespeare, Macbeth, I, VII – 1605
Pourquoi ce site ?
Au-delà d’une « stèle commémorative archivistique » en ligne, ce site est un outil au service des enseignants et des chercheurs menant des projets visant à révéler les parcours de Résistants, de leur engagement à la reconnaissance de leur(s) action(s). Car, de nos jours, on connaît à peu près la Résistance mais très peu les Résistants.
Paradoxalement, les Médaillés sont des Résistants inconnus. L'Ordre de la Libération lui-même avoue sa méconnaissance de leurs parcours et l'inégalité mémorielle entre les Compagnons et les Médaillés qui en résulte.
D'où l'instauration, en juin 2017, d’un partenariat entre l’Ordre et la Fondation de la Résistance, "pour avoir une idée de qui étaient ces Médaillés de la Résistance. L'étude des Médaillés n’en est qu’à ses balbutiements". (Cf. vidéo infra, "Les dossiers détenus par l'Ordre de la Libération, à 14:45. Activer le son).
Ainsi, les descendants sont appelés à réunir des archives publiques très dispersées avec des archives familiales souvent aussi conséquentes, voire plus.
C’est l’ensemble des initiatives de ce type qui offrira aux historiens une matière dense et sérieuse à étudier.
La publication des archives privées et publiques, à généraliser, constitue une prévention et une parade contre le résistancialisme, les romans familiaux, les mystifications volontaires qui participent d'une certaine forme de négativisme très préjudiciable à la juste mémoire de la Résistance.
Parce que les témoins directs disparaissent, parce que les enfants des Résistants, souvent traumatisés, peu formés à la recherche historique (de plus à une époque où les archives n’étaient pas facilement accessibles), occupés à reprendre goût à la vie après la guerre et souhaitant protéger leurs propres enfants de l’horreur, se sont retranchés dans le silence, c’est à la troisième génération - et déjà à la quatrième…- qu’il incombe de faire exister cette matière vivante et de la manière la plus honnête possible.
Parce que, pour de nombreux Résistants la fin fut si sombre, il nous faut éclairer leur mémoire, sortir leurs actions de l'ombre, favoriser la circulation de cette belle quintessence humaine de génération en génération.
Le but n’est pas d’entretenir la souffrance. C’est tout le contraire. Rien n’oblige à laisser la douleur s’enraciner dans le terreau des coeurs. Ce sont les racines mal cultivées, mal aérées, qui pourrissent, suscitant peurs et luttes incessantes.
Loin d’une démarche rétrograde ce type d'anamnèse est utile aujourd’hui pour saluer les forces lucides et vitales qui ont combattu et qui peuvent encore braver et vaincre les fanatismes politiques ou religieux, utile également pour stigmatiser les abus du relativisme régnant.
Vidéo : intervention de Lionel Dardenne, à 14:45 le cas des Médaillés
Journée d’étude : « Parcours individuels dans la Résistance » (12 juin 2018).
Partenariat Service historique de la Défense et Fondation de la Résistance.
Table ronde : Présentation de fonds d'archives.
Où l'on apprend :
- que 17 000 dossiers de Médaillés environ, soit près d'un quart des titulaires, ont disparu ;
- que les dossiers conservés se limitent généralement à une simple fiche très peu renseignée ;
- que l'Ordre possède 1 061 dossiers pour les Compagnons, répartis en 80 boîtes de conservation (135 mètres linéaires d’archives) + 600 ouvrages relatifs aux Compagnons ou écrits par eux + un fonds de 30 000 photographies.
Concernant les Médaillés, qui sont 65 000, les dossiers tiennent dans 400 boîtes.